Démarche 2

Aussi loin que je m’en souvienne j’ai toujours été attiré par la transparence. En projetant mes images sur des corps de danseurs, il y a déjà plus de 20 ans, je ne voyais pas une projection sur la peau, je voyais une peau qui devenait transparente pour me montrer l’intérieur du corps.

En suivant ce chemin des projections sur corps j’en suis venu à réaliser des installations ou je projetais mes images sur des matériaux. A nouveau je recherchais la transparence. J’ai ainsi pu expérimenter les projections sur voiles. Une installation comme Altaïr m’a fasciné par l’aléatoire des mouvements du voile qui rencontrait l’aléatoire des images projetées. Je voyais des formes que je n’avais pas prévu de voir et cette rencontre avec l’inconnu me fascinait d’autant plus que je ne maitrisais pas ce que je faisais. C’est autre chose en moi qui me poussait à agir au travers de ces expériences. J’en étais le premier spectateur avant même d’imaginer en être le créateur.

Cette lumière visible au travers d’un voile agissait sur moi comme un phare. Elle m’indiquait la direction à suivre. Des voiles je suis passé à la résine puis à l’altuglas mais j’aspirais à une matière transparente à la fois plus noble et plus pérenne. Sans le savoir je rêvais du verre et le verre a fini par s’immiscer dans le rêve.

La rencontre avec Florence a été une évidence. Nous étions faits pour travailler ensemble. Les connaissances de nos disciplines se complètent à merveille.

Finalement c’est un peu comme si l’art nous mettait en chemin pour nous amener vers des évidences plus décisives encore.

Dans notre travail, tel que je le comprends, la dimension sensorielle se mêle à la dimension spirituelle. Le sensoriel est premier. Notre œil perçoit le jeu de lumière qui se joue dans le verre. Nous déplaçons les volumes, nous en modifions l’architecture, nous nous mettons en mouvement pour nous approprier davantage encore cette expérience sensible. Partant des sens l’information se propage vers la conscience et quelque chose d’impalpable se joue alors. Nous arrivons à une dimension plus mystérieuse de l’être. Quand nous en sommes là, nous savons que nous touchons au but… C’est cet impalpable que nous voulons partager avec le public.

En cheminant dans cette lumière il semble que nous devenions plus conscients de notre part irréductible d’inconscient. Nos installations fonctionnent comme des miroirs pour l’autre qui vit en nous. Magritte et Maillol nous sourient du coin de l’œil.